Pour une neutralité EFFECTIVE.
En Belgique, où le principe de la laïcité politique séparant les religions de l’Etat n’est toujours pas inscrit dans la Constitution, la neutralité est plus symbolique qu’effective. Elle est en effet synonyme soit d’indifférence, soit de laxisme électoraliste, soit d’hypocrisie.
Or une saine conception de la neutralité, du moins à mes yeux, devrait consister non seulement à ne favoriser aucune conviction philosophique ou religieuse, mais à permettre aux jeunes de choisir l’une d’elles, en connaissance de cause, aussi librement et tardivement que possible.
Ce n’est évidemment possible qu’à la condition d’organiser enfin un système éducatif pluraliste proposant à tous les jeunes une information minimale, adaptée à l’entendement de chaque âge, objective et non prosélyte. Cela leur ferait découvrir :
d’une part, les différentes options religieuses, et ce que toutes les religions ont un commun, à des degrés divers : la soumission à un dieu et à un livre « sacré »,
ET d’autre part, les différentes options laïques que sont l’agnosticisme, l’incroyance et l’athéisme, et ce qu’elles ont toutes en commun : le libre examen, l’esprit critique à tous égards, la liberté de pensée, l’autonomie de la conscience, la liberté individuelle, l’acceptation de la différence enrichissante de l’autre, en bref, l’humanisme laïque, la morale laïque, la spiritualité laïque, évidemment occultés dans l’enseignement confessionnel.
Un tel enseignement pluraliste compenserait l’influence affective des parents, certes sincère et légitime, mais unilatérale, qu’ils soient croyants ou non. Il réduirait aussi l’influence des inégalités intellectuelles inhérentes aux différences de niveau socioculturel.
L’intérêt supérieur de l’enfant étant prioritaire par rapport aux droits traditionnels des parents, l’enseignement officiel et l’enseignement confessionnel devraient évidemment fusionner à plus ou moins brève échéance. En effet, malgré la récupération apparente de quelques valeurs laïques, ce dernier reste en effet fidèle à son projet éducatif visant à conserver une mainmise sur les consciences. Il reste fondamentalement élitiste, inégalitaire, communautariste, prosélyte, et donc obsolète et inadapté à notre époque de pluralisme des cultures et des convictions.
Afin d’éviter le risque d’un « nivellement par le bas », un accompagnement individuel et gratuit des élèves en difficulté devrait être prévu.
La formation des enseignants, et un « recyclage » devraient également être prévus, afin qu’ils n’influencent pas leurs élèves par leurs propres convictions, mais qu’ils les amènent à choisir les leurs, en connaissance de cause et aussi librement que possible.
Michel THYS
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